Pierre-François LEFORT (1767-1843).

Pierre-François Lefort est né le 18 octobre 1767 à Mers, qui n’était alors qu’un petit village de pêcheurs côtiers et d’agriculteurs.

D’après son acte de baptême, son père, Pierre Lefort, était matelot, et sa mère se nommait Marie-Jeanne Fresson. Ces parents, qui destinaient leur fils à l’état ecclésiastique, l’avaient envoyé au séminaire, mais des événements politiques ayant entravé cette carrière, il résolut d’étudier l’art de guérir et devint docteur en médecine de la Faculté de Paris.

Reçu au concours chirurgien de 3e classe, il entra, en 1793, à Brest, au service de la marine, assista au combat du 13 prairial (1er juin 1794), célèbre par l’héroïsme de l’équipage du Vengeur, et y fut fait prisonnier.

A son retour en France, en 1797, grâce à la connaissance de la langue anglaise qu’il avait acquise durant sa captivité, il fut nommé Inspecteur des prisonniers Français sur les pontons Anglais et y fonda pour eux une école modèle, qui n’avait point sa pareille en France. Nombre d’entre eux lui en furent reconnaissants par la suite.

Pendant son séjour en Angleterre, Pierre Lefort rencontra et épousa miss Mary-Anne ALLEN, fille d’un officier Irlandais. Aucun enfant ne naquit de cette union.

De retour dans sa patrie, en 1799, avec son épouse, Lefort devint médecin de première classe de la marine française, à laquelle il continua de rendre des services dans les hôpitaux et sur la flotte ; en 1801, après le combat naval d’Algésiras, il fut envoyé à Gibraltar pour y négocier l’échange des prisonniers blessés. A la funeste journée de Trafalgar, le 21 octobre 1805, Lefort redevient prisonnier des Anglais, mais il fut mis en liberté sur parole au bout de quelques mois.

Complétant sa formation, il concourut pour des prix proposés par la Faculté de Médecine de Paris, qui venait de le recevoir docteur, et en fut lauréat.

En 1808, nommé médecin en chef du 1er arrondissement maritime, chef-lieu Gênes, il y subit le blocus de 1814, puis alla à la Martinique dans la même qualité. A cause de ses opinions politiques, ce célèbre médecin se retira aux Etats-Unis, où, pendant quelques temps, il occupa, près de New-York, une maison qui avait été habitée par le général Moreau.

Il y passa deux années, exerçant la médecine et obtenant les plus grands succès. Bientôt rappelé en France, de nouveau nommé médecin du roi, Lefort fut envoyé à La Martinique où il resta jusqu’en 1826. Pendant ces nombreuses années, il se livra à l’étude de la fièvre jaune et des moyens à employer pour empêcher la contagion.

Fatigué, il obtint enfin sa mise en retraite. Il habita Beauvais, puis se fixa à Amiens où il mourut en 1843, à l’âge de 76 ans, après une vie bien remplie au service des autres. Il repose, avec son épouse morte en 1864, au cimetière de la Madeleine à Amiens.

Le docteur Lefort fut membre de la Légion d’Honneur, correspondant de l’Académie de médecine de Paris et titulaire du prix au concours de la Faculté de médecine de Paris pour un mémoire relatif aux maladies contagieuses.

Trois mémoires remarquables de notre médecin en chef de la marine furent publiés par lui à Saint Pierre de La Martinique :

1. Opinion de M. Lefort sur la non contagion et non importation de la fièvre jaune (1823) ;
2. Quelques remarques sur le mémoire du docteur Keroudieu relatif à la fièvre jaune observée aux Antilles et sur les vaisseaux, sous le rapport de la transmission (1824) ;
3. De la saignée et du quinquina dans la fièvre jaune (1826).

Si le nom de Pierre Lefort est absent de tout dictionnaire, en revanche sa ville natale ne l’a pas oublié. En effet, un demi-siècle après sa disparition, le 16 septembre 1900, de grandes fêtes furent organisées à l’occasion de l’inauguration, en centre-ville de Mers, du buste de Pierre Lefort. En 1941, ce buste en bronze a été détruit et fondu pendant l’occupation afin de récupérer le bronze.

Depuis le week-end des 13 et 14 octobre 2007, il est possible d’admirer un nouveau monument, érigé sur la place de Mers, composé d’un piédestal et d’un buste dédié à ce brillant médecin et chirurgien de marine, titulaire de la Légion d’honneur.

Par la réédification de son buste financé sur souscription publique, la ville de Mers-les-Bains remet donc à l’honneur cet enfant du pays qui sauva, à Plymouth et en tant qu’inspecteur des prisonniers français en Angleterre (du temps de Napoléon Ier et après la bataille de Trafalgar), près de mille jeunes de 10 à 16 ans de la misère morale et intellectuelle.

Toutes infos supplémentaires sur la page Wikipédia dédiée à Pierre LEFORT : Pierre LEFORT (Wikipédia)