Katell LOUBAT-GIRARD

Les inéffacées de Katell Loubat Girard

Ce titre générique de mes travaux, ici exposés à Ancy le Franc c’est une histoire de mémoire, l’histoire d’un va et vient qui se produit en continu entre la mémoire individuelle de nous artistes et la mémoire collective. L’une est personnelle de l’ordre du vécu, l’autre est d’ordre culturel et historique. La première découle de notre appropriation consciente ou inconsciente de la seconde.

Ces deux mémoires et leur interaction sont pour moi la résultante des violences inouïes faites à l’humain par d’autres humains malgré ce que l’on nomme l’avancée des civilisations. Notre tête résonne de tous ces échos du manquement au respect de l’être, de sa race, des ses pensées et de ses croyances par d’autres.

Donner corps à ces mémoires, telle est ma recherche. J’ai travaillé des séries au titre parlant : « Les arbres de Sobibor », « Le retour des oiseaux dans les Camps », »portraits de femmes juives disparues », pour moi Katell « Les arches d’alliance » « la menace » pour Lionel.

Voyez ces regards tendus au-delà du quotidien, des portraits de Katell. Suivez ces partitions de la toile, morcelées, à l’écriture griffée, aux liens hachurés des forêts, desbois, sombres et mystérieux. l’Arche comme les regards de femmes juives, équivaut à la tentative de réunir deux rives par une passerelle d’histoire humaniste. Historiquement l’Arche d’Alliance était le coffre sacré quicontenait les tables de la loi de Moïse, tables de la loi des trois religions monothéistes. Voyez l’allusion.

Ainsi défilent toiles et dessins sur lesquels sont couchés sensibles et tenaces les traces de mémoire, les vivantes comme les effacées de par leur degré de gravité, ou plutôt de leur irréversibilité, les plus lourdes hélas, celles qui ont marqué le passé et qui avancent toujours insidieusement masquées, édulcorées. Nous entrons dans ces peintures et nous en ressortons, parfois emplis d’interrogations, comme si nous les auteur(e)s, sous nos yeux qui ne peuvent s’arracher à l’image, voulaient faire passer le regard derrière la toile, du côté de l’invisible espoir. Mais espoir quand même !

L’image nous enserrerait-elle insidieusement, tout au long de notre lent parcours ?

Chez moi, la peinture c’est comme des mots silencieux, creusés, engoncés, fluides ou raides de solennité, dessinés par un pinceau et qui disent leur volonté du » plus jamais ça !».

Katell Loubat Girard    Ancy le Franc le 03/06/2017